"Որքան լեզուներ գիտես, այնքան ավելի մարդ ես"
"Plus tu connais de langues plus tu es un être en plus"
"Όσο περισσότερες γλώσσες γνωρίζεις, τόσο περισσότερο ον είσαι."
"The more languages you know, the more of a being you are"
"Чем больше языков вы знаете, тем более существом вы являетесь."
EN ARMÉNIE, J’ÉTAIS UN PEU UN ÉTRANGER, ALORS QUE J’ÉTAIS NÉ LA-BAS.
Serge Avédikian est né à Erevan en Armènie, le 1er décembre 1955. Ses parents, d’origine arménienne, sont nés en France. Ils sont les enfants de ceux qui ont échappé aux massacres génocidaires de 1915-17, perpétrés dans l’Empire Ottoman par le gouvernement Jeune Turc. En 1947, sous la propagande de Staline et de Maurice Thorez, ils sont partis avec leurs parents, rejoindre la « mère – patrie », l’Arménie Soviétique. C’est un peu l’histoire, presque tabou que Régis Wargnier racontera dans son beau film Est-ouest. Ils se sentent étrangers dans ce pays qu’ils ne connaissent pas et qui leur paraît injuste.
Et vite ils n’ont plus qu’une idée, retourner en France. Un fils leur naît, Serge, qui va aller à l’école française d’Erevan. Une école où l’on parlait trois langues : le russe, le français et l’arménien. On y apprend la culture des origines mais aussi un mélange des cultures dû à la situation géographique et culturelle du pays et des peuples qui s’y côtoient : Russes, Géorgiens, Kurdes, Azéris…
Son grand-père et son père l’emmènent faire de somptueuses parties de campagne, d’où provient sans doute son amour jamais démenti pour la nature. Ce père dont il dit qu’il était un artiste ouvrier qui chantait avec l’orchestre de l’usine où il travaillait. Sa mère l’oblige à aller une fois par semaine au cinéma, une sorte de rite. Entouré de peintres le jeune Serge voue déjà un culte à l’image.

Après Khrouchtchev une loi permet aux émigrés de pouvoir faire une demande pour revenir dans le pays d’adoption. La famille Avédikian partira en 1970, après neuf ans d’attente. Serge Avédikian raconte que ce qui lui a servi d’exemple pour la vie c’est cette bande de gens, dont son père lui paraissait le moins cultivé, qui continuait à parler français et leur ténacité à vouloir quitter ce pays, qui les avait humiliés et déçus.

Bien qu’il ait fréquenté pendant huit ans l’école française d’Erevan, lorsque Serge Avédikian débarque à Meudon, à l’âge de quinze ans, il parle à peine le Français. Ce passionné de football se découvre une autre passion, le théâtre par le biais des ateliers du collège de Meudon. Cette passion a aussi le bénéfice de lui faire améliorer rapidement son français. Il joue dans la compagnie amateur de son professeur d’Arte Dramatique, ce qui lui permet très vite d’être en contact avec un public dans le cadre de festivals et de tournées dans la banlieue parisienne.
Entre 1972 et 1976, c’est l’apprentissage au conservatoire de Meudon pendant trois ans, puis au conservatoire de Paris en tant qu’auditeur libre. Il y travaille Racine, Corneille, Musset, Marivaux, un crayon dans la bouche pour perdre son accent.

En 1976, il crée la compagnie « Le Théâtre de la Fenêtre ». L’année suivante il rencontre le Théâtre du Chapeau Rouge en Avignon où il travaille sur le jeu grotesque et le clown de soi.
Puis il monte des pièces et débute au cinéma en Christian Ranucci du PULL-OVER ROUGE de Michel Drach (1979) et en paysan troublé par un soldat allemand dans NOUS ÉTIONS UN SEUL HOMME de Philippe Vallois (1979).
Il brille ensuite à la télévision (« TOUTES GRIFFES DEHORS » de Michel Boisrond, 1982, «L’ETÉ DE TOUS LES CHAGRINS» de Serge Moati, 1989), et alterne les films de premier plan (L’ORCHESTRE ROUGE de Jacques Rouffio, 1989) et les œuvres engagées (L’AUBE de
Miklos Jancso, 1985).Il défend les projets singuliers (HALTÉROFLIC de Vallois, 1983, LA DIAGONALE DU FOU de Richard Dembo, 1984, LE TRÉSOR DES ILES CHIENNES de F.J Ossang, 1990, LES SEMEURS DE PESTE de Christian Merlhiot, 1995).
Il reste un visage clé des œuvres travaillant la mémoire arménienne avec MAYRIG d’Henri Verneuil (1991), ARAM de Robert Kechichian (2002), LE VOYAGE EN ARMÉNIE (2006) et L’ARMÉE DU CRIME (2009) de Robert Guédiguian.
Il visite les genres, les époques, les pays et les origines pour LE CAHIER VOLÉ de Christine Lipinska (1993), LABYRINTHE de Mikael Dovlatyan (1995), VIVE LA MARIÉE… de Hiner Saleem (1997), DISPARUS de Gilles Bourdos (1998), PARIS, MON PETIT CORPS… de Françoise Prenant (2000), AGENTS SECRETS de Frédéric Schoendoerffer (2004), VIVA LALDJÉRIE de Nadir Moknèche (2004) et POULET AUX PRUNES de Marjane Satrapi & Vincent Paronnaud (2011).
Invité de nombreuses séries (« Toutes griffes dehors », « La Crim’ », 2002, « Quai n°1 », 2005, « Louis Page », 2006), il sert au théâtre BOTHO STRAUSS, GENET, MARIVAUX, CLAUDEL, DAN FRANCK, TENNESSEE WILLIAMS ET CORNEILLE, sous la direction de PATRICE CHEREAU, JACQUES LASSALLE, CLAUDE REGY et d’autres.
Il signe une œuvre dense de réalisateur, avec des documentaires de créations, des courts métrages de fiction et de peintures animées (BONJOUR MONSIEUR, MISSION ACCOMPLIE, M’SIEURS DAMES), poétiques (J’AI BIEN CONNU LE SOLEIL, LE CINQUIEME RÊVE, TERRA EMOTA, LUX AETERNA) et animés (LIGNE DE VIE, UN BEAU MATIN).
En 2007, il livre le voyage NOUS AVONS BU LA MÊME EAU, retour au village de son grand-père, en Turquie d’aujourd’hui, entre passé et avenir.
En 2010, il obtient la Palme d’Or à Cannes, pour son film-court d’animation « CHIENNE D’HISTOIRE ».
En 2013, il réalise et interprète le rôle titre du film « LE SCANDALE PARADJANOV », sur la vie et l’œuvre du cinéaste SERGEÏ PARADJANOV, co produit par l’Ukraine, la France, l’Arménie et le Géorgie. Le film sort en salle le 7 janvier 2014.


Il réalise en 2015, « CELUI QU’ON ATTENDAIT », entièrement tourné dans un village frontalier, dans le sud de l’Arménie, à Khatchik. Une comédie tendre et baroque, avec Patrick Chesnais dans le rôle principale. Le film sort en salle en juin 2016.
En 2019, il décide de faire un quatrième voyage en Turquie pour continuer à explorer l’évolution des états d’esprits des jeunes du village de son grand-père, à Sölöz. Il produit et réalise le film « RETOURNER A SÖLÖZ », qui complète le film précédant, réalisé en 2003, « NOUS AVONS BU LA MEME EAU ». Le film sort en salle en 2021 avec des débats sur le sujet crucial de la négation du génocide des arméniens dans l’Empire ottoman et la situation en Turquie actuelle.
En 2021 il tourne dans une série, comme comédien, de 6 fois 60mn, « UNE HISTOIRE ANATOLIENNE », en Arménie, en Turquie et en France, dans lequel il incarne le personnage principal. Un vieil homme nationaliste turque qui va découvrir, en écoutant une berceuse arménienne par hasard, que cette chanson il la connaît et qu’il est peut-être un orphelin d’origine arménienne, confié à une famille turque nationaliste…
Puis, il revient au théâtre, comme comédien, avec « L’ENVOL DES CIGOGNES » de Simon Abkarian et « ZOE ET MAINTENANT LES VIVANTS » de Théo Askolovitch.
Depuis 2022, il travaille sur plusieurs scénarios de long-métrages « LE FIL DE L’HISTOIRE », « CELUI QU’ON N’ATTENDAIT PAS », qui sont en financements actuellement.
Et depuis un an, il est en préparation d’un long-métrage de fiction, avec des images d’archives et de l’animation, « DERNIER ROUND À ISTANBUL ».